Contre vents et marées

3 Août 2005

Raymond : La fin du voyage approche. L’objectif souhaité pour la journée était de dormir à Kangiqsualujjuak. La vielle au soir alors que nous observions les aurores boréales, les cieux nous semblaient favorables pour nous y rendre. Je sens une certaine fébrilité dans le groupe alors que l’expédition tire à sa fin. Au petit matin (5h30) je suis réveillé par une lumière aveuglante. Le soleil en mode actif depuis déjà quelques heures, éclaire le « chalet » d’une lumière nordique. Un vent du sud se lève ce qui signifie moins d’effort pour arriver à bon port. Certains se mettent à rêver. Arrivons-nous à temps pour le dîner ? L’euphorie nous gagne. Nous partons alors que le courant de la marée est descendant.

Trois canots dans l'immensité de l'estuaire de la Baie d'Ungava

Nous sommes ici en présence de marées parmi les plus fortes au monde. Le vent du sud s’estompe, puis est vite remplacé par un vent du nord si intense que nous faisons presque du surplace. Nous devons nous arrêter. Notre projet est il encore réaliste ? Comme un château de carte qui s’effondre nos plans sont à revoir. Kangiqsualujjuak, se sera pour un autre soir. Oui mais notre marge de manoeuvre diminue comme peau de chagrin. Notre avion décolle vendredi matin et nous avons lu que l’on ne peut pagayer qu’à marée descendante. Combien de ces marées, le jour, d’ici vendredi ? Serons-nous obligés de pagayer la nuit dans un estuaire que nous ne connaissons pas. Nous décidons d’y aller d’objectif plus réaliste. D’abord nous rendre au prochain et dernier rapide de l’expé. Après on verra. On s’y rend et décidons de le franchir. Puis devant nous à sept kilomètres apparaît l’île Ford sur laquelle nous a t’on dit se trouve une cabane. Nous tentons l’expérience. Nous pagayons comme des galériens pour contrer l’effet de la marée qui monte alors que nous allons dans la direction opposée. Deux heures plus tard nous y voilà. Le site, constitué d’environ sept bâtiments, est délabré mais la lumière du soleil couchant nous rend l’endroit plus acceptable. La vue qu’elle nous offre sur l’estuaire est plus large que notre champ de vision. Une fois installé pour la nuit, une discussion animée s’amorce pour déterminer à qu’elle heure devrions nous partir demain matin. Nous sommes tous fatigués. Un peu plus de sommeil pour récupérer ou partir tôt demain matin pour profiter d’un hypothétique répit du vent. Finalement nous convenons de partir à 8h00. S’il le faut nous irons contre vents et marées. Nous nous endormons avec comme couverture des aurores boréales qui dansent. Ce pays est magique. Espérons que la météo le sera aussi demain matin…

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