De la rivière au sommet

27 Juil 2005


Raymond :Après avoir pagayé dans des conditions difficiles au cours des derniers jours, c’est-à-dire vent de face et température fraîche accompagnée d’une fine pluie intermittente, la journée de repos prévue à l’horaire fût plus que salutaire. Nous avons élu domicile sur le site d’une pourvoirie inoccupée à ce temps-ci de l’année, faisant face au pic Pyramide sur la rive opposée de la rivière. Gérald, Pierre-Marc et moi étant amateurs de randonnée en montagne nous ne pouvions résister à l’envie de nous rendre au sommet de celle qui nous rappelle vaguement les pyramides d’Égypte. Exotisme pour exotisme celle-ci valait l’autre. L’ascension se déroula rondement bien que la dernière portion abrupte de la montagne exigea toute notre attention puisque parsemée de pierres instables, rendues glissantes par la pluie des derniers jours.

Le Pic Pyramide, haut de 1 400 pieds

Les efforts et l’énergie nécessaires pour nous rendre au sommet furent récompensés par un magnifique point de vue sur la vallée et ses sommets environnants. Mais ces efforts et cette énergie ne sont rien en comparaison à ceux déployés par les parents d’enfants autistes pour leur offrir un cadre de vie normal malgré leur condition. Une fois au sommet, nous décidâmes d’y planter un drapeau imaginaire ou virtuel (puisque nous n’en avions pas sur nous) en guise de solidarité avec ces familles. La photo jointe en fait foi. Avant de redescendre nous avons dû affronter une pluie glaciale, un brouillard presque opaque, et un vent à vous décoiffer le couvre-chef, quoique ceux qui me connaissent savent que dans mon cas la nature a déjà fait son oeuvre. La météo nous obligea à nous abriter contre un rocher pendant vingt minutes, avant de redescendre dans des conditions sécuritaires. Une randonnée en montagne nous réserve souvent plein de surprises, tout comme la descente de la rivière George.

Étienne : Nous n’avons pas pagayé aujourd’hui, et honnêtement Pierre et Gérald au sommet du Pic Pyramide avec le drapeau virtuel de Pagayer pour l'autismece repos a été pour moi un soulagement musculaire bien apprécié. C’est que je pagaie seul, sans partenaire dans mon canot. Nous sommes un nombre impair (cinq) et il fallait que quelqu’un se sacrifie. En pagayant seul, on n’a pas de partenaire pour équilibrer les forces entre la gauche et la droite (personnellement, je pagaie à droite, et sans partenaire mon canot a une très forte tendance vers la gauche). Il faut donc corriger vers la droite à chaque coup de pagaie, ce qui augmente l’effort… et surtout, ralentit le canot. Lorsqu’il vente, la correction est encore plus importante, ce qui augmente encore plus l’effort tout en réduisant la vitesse. Évidemment, le pagayeur solo est seul pour tirer son canot, en opposition au duoistes qui pagaient « à deux moteurs ». Croyez-moi, une deuxième pagaie fait une différence. Dans les rapides, être seul devient un avantage : le canot est plus facile à faire pivoter, et il devient possible de descendre en faisant des zigzags entre les obstacles. J’adore les rapides.

Mon canot est un Blast, d’Esquif, qui a d’abord été conçu pour deux pagayeurs. A deux, c’est une Porsche : petit, nerveux… avec l’espace nécessaire pour le lunch, mais pas vraiment plus. De tous les canots duo que j’ai essayé (et je crois avoir essayé tous les duos sportifs), c’est le seul qui se pagaie comme un solo, qui est aussi manoeuvrable. En solo, c’est un canot de rapides permettant de transporter tout l’équipement de camping et la nourriture pour trois semaines. Les autres membres de l’équipe pagaient en duo. Pierre-Marc et Gérald ont un Canyon. Ce canot, également fabriqué par Esquif (qui est un commanditaire de notre expédition), est un peu une version duo du Blast. C’est un canot nerveux, pivotant facilement en plein rapide, et donc très performant. Il peut transporter les bagages de deux personnes pour un voyage encore plus long que le nôtre. Son défaut : étant plus facile à faire pivoter en plein rapide, il demande plus de corrections pour aller en ligne droite. De plus, tout comme le Blast, il a une coque façonnée pour réduire la quantité d’eau qui entre lorsqu’on descend au milieu des gros remous… mais cela rend le bateau plus lent lorsque vient le temps de traverser un lac. Raymond et Benoit ont un prospecteur 17 – vous avez deviné qui le fabrique! Il peut porter la même quantité de bagages que le Canyon, tout en étant beaucoup plus performant sur le lac… mais moins manoeuvrable en rapide. Aussi, c’est un canot qui se remplira plus rapidement que le Canyon. C’est une question de compromis! Nous reprenons la rivière demain, et je sais que nous aurons pleins de rapides pour m’amuser en Blast.

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