Jeudi soir, 19 juin, 19h00. Début de la période de vacances pour plusieurs. Temps idéal pour se faire un dernier rassemblement avant que les canoteurs ne s’évaporent dans l’embrun des rivières. Surtout que la saison de la mousson n’est pas encore terminée. Il pleut chaque jour et le niveau des cours d’eau allongent leur saison de « canotabilité » (néologisme: la possibilité d’une rivière d’être canotable).
Il y a quelques semaines, notre petit Roger, qui n’était pas encore certain de pouvoir se joindre à notre équipe, nous a officiellement annoncé son retrait. Père monoparental d’une jeune adolescente, oeuvrant dans un domaine où les assignations se font « sur appel », sans avoir la possibilité de planifier de longues vacances, il a dû se résoudre à nous quitter.
Mais qu’à cela ne tienne. Nous avions un « joker » dans notre manche. Nous avons sollicité un vieux routier des rivières avec qui 3 membres du groupe ont déjà dévalé des rapides. Lui aussi père sur le tard, ces 2 jeunes enfants et son nouveau travail l’occupe à plein temps. Sa compagne de vie, qu’il a connu sur une rivière, lui a vite confirmé que ce type d’offre ne passe qu’une seule fois dans une vie. Quelques jours plus tard il est des nôtres, pour cette belle soirée entre amis. Mais il nous confirme qu’il continue quand même sa réflexion, surtout avec son nouveau patron.
Beaucoup de discussion et de suggestions sur la logistique du transport, le budget, les rôles de chacun, l’équipement, la nourriture… Claude, grand chaudronnier et fils de charcutier, se voit confier la direction du menu. Pierre-Marc veux quand même être impliqué, pour défendre les droits des membres de « l’Association des amateurs de bouffe traditionnel et non-exotique ». Ce sera un exercice d’accommodement raisonnable lors de la planification de la grille des repas.
Gérald et Claude découvrent qu’ils sont tous deux originaires du même coin du Lac Saint-Jean. Ils ont parlé du bon vieux temps à Alma: « Dételle ton joual , dégreille- toi pi viens t’assir, on va fumer une pipée » suivi de « Le flagzo y fait son fierpet avec sa ptite frocque » assaisonné d’un « Fais don pas simple, avec tes canneçons d’hiver pis ton swetteur flambant neu ».
On a aussi beaucoup discuté de la pertinence de faire de cette aventure, une levée de fonds. Comme en 2005 lors de la descente de la rivière George, le jeu en vaut-il la chandelle de ramasser des fonds pour l’organisme « Les Répits de Gaby« . Ma fille de 17 ans, Gabrielle, est autiste. La descente de 2005 a permis d’aider à l’acquisition d’une maison offrant des répits à 70 familles de Lanaudière. En plus de planifier cette expédition, la levée de fonds implique beaucoup de travail. En autres de contacter les médias, se rendre aux entrevues et solliciter les donateurs, activités qui génèrent beaucoup de stress. Mais le plus difficile est de garder le contact sur la rivière en nourrissant chaque jour le blog et ses abonnés avec des textes pertinents, drôles et bien écrits. Un défi lorsque vous avez à lutter pendant 3 semaines avec une nature hostile (mouches, froids, vents et eau glacial) et qu’en plus vous avez à écrire un texte de 500 mots chaque soir. Mais c’est grisant de savoir que plusieurs centaines de personnes vous suivent quotidiennement dans le confort de leur « Lazy Boy ». De plus cette série de textes, écrits pendant l’expédition, laissent à toute la communauté une trace indélébile de votre passage sur cette rivière unique et rarement pagayée.
L’autre défi est la soirée bénéfice. En 2005, par une simple conférence de l’équipe devant 200 personnes, suivi d’un encan, cet événement avait généré 12 000$ en profit pour la maison. Trois groupes avaient assistés à la soirée: des amateurs d’eau vive, la famille et les amis, et des parents d’enfants autistes. Pour 2009 on refait sensiblement la même chose mais dans un auditorium plus grand, sans encan. La nouveauté: en plus des photos de grande qualité, nous réaliserons un film. Gérald a tenté l’expérience avec succès lors d’un trekking au Népal l’an dernier. Il reste encore beaucoup à faire dans ce projet; il y a loin de la coupe aux lèvres.
Nous planifions de faire la prochaine rencontre à la maison des Répits de Gaby d’ici la fin de l’été. Il est motivant de constater « de visu » le résultat de tant d’effort. On s’en reparle dans quelques semaines. L’équipe aura le temps de décanter toutes les idées originales proposées. La folle du logis n’aura pas le temps de chômer.
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