Rivière George 2005


Pierre-Marc : Après la journée du 16 juillet où nous avons réussi à parcourir une distance aussi surprenante qu’incroyable de 27 kilomètres au lieu des 18 prévus, nous avons commencé notre journée de dimanche avec des idées plein la tête pour améliorer notre système de voiles plus que rudimentaires formées de pagaies et de petites toiles. Après un déjeuner exquis composé exclusivement de gruau (mmmm du gruau !), nous nous sommes mis à construire un trimaran avec nos trois canots, solidement attachés les uns aux autres avec des perches. Nous avons installé notre nouvelle voile constituée cette fois de deux très longues perches et d’une immense toile que Raymond a sortie d’on ne sait où. Nous sommes demeurés très confiants à l’égard de notre système malgré le vent qui soufflait sur notre flanc, soit du côté nord-ouest. Après une heure de dérive mouvementée, de tentative aussi héroïque que vaine pour faire fonctionner notre voile, histoire de se la couler douce comme la veille, nos cinq pagayeurs se sont donc résignés à faire ce pourquoi ils avaient parcouru plus de 1 500 km, pagayer.

Personnellement, je suis de ceux qui préfèrent le vent à la pluie. Malgré une journée éreintante à combattre les rafales, les vagues et la dérive incontrôlable de notre embarcation, c’est toujours mieux qu’une %#* journée de pluie. Nous avons passé ainsi toute la journée à pagayer à quatre avec Étienne à la barre de notre fierté, aussi frêle soit-elle. Au bout de plusieurs heures de canot et de 12,5 km, nous nous sommes installés sur une langue de sable qui s’avance dans l’immense lac de la Hutte sauvage. Est-ce que nos héros étaient arrivés au bout de leurs peines ? Non… encore des traces d’ours, mais cette fois d’un petit de l’année. Il s’agira de bien faire attention pour l’entreposage de la nourriture et de bien brûler les déchets. Pendant que j’écris ces lignes, Étienne arrive justement avec deux superbes truites grises qu’il vient tout juste de pêcher et qui pourront agrémenter le riz de ce soir. Malgré la grande difficulté que représentait la traversée du lac avec un vent de face, nous avons mis à contribution la célèbre maxime : l’union fait la force.

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Le vent en poupe !

16 Juil 2005


Vous pouvez aussi écouter l’entrevue (format MP3) réalisée par le FM103,5 – la radio du grand Lanaudière.

Benoît : Hier, en arrivant sur la George je m’attendais à subir un choc météorologique. Ce fut le cas. Il faisait dans les trente degrés malgré les taches de neige, que j’imagine éternelle, sur la montagne d’en face. Nous avons campé près d’un lodge qui a déjà connu ses heures de gloire et à l’intérieur il faisait une chaleur d’enfer. Nous avons monté nos tentes à la brunante, qui se pointe généralement vers les 22 h 30, pour que nos 3 tentes ne soient pas trop chaudes. Remarquez qu’à cette hauteur du Québec l’obscurité totale ne se fait pas et le soleil retape à nouveau vers 3 h 30. Pour bien dormir, vous avez tout intérêt à porter un cache-yeux ou encore une grande tuque. Au petit matin un vent du sud s’est levé, représentant une bénédiction pour un canot qui se dirige vers le nord. Les préparatifs du premier matin sur la rivière sont toujours longs et ardus. Dans nos canots en fin d’avant-midi nous avons beaucoup de mal à garder nos bateaux stables. Les vagues et le vent font bifurquer nos frêles embarcations. Soudain, coup de génie collectif. Nous sortons nos toiles de tente de nos sacs et montons une voile improvisée. Gilligan et ses joyeux naufragés traversent 27 kilomètres à la voile en 6 heures. Nous avions planifié parcourir 18 kilomètres aujourd’hui.

Vers 16 h 30 nous arrivons sur un site coté comme « idéal »sur la carte. Après examen des lieux, nous quittons sans demander notre reste. Des visiteurs y ont déjà élu domicile. Des centaines de pistes d’ours fraîches et moins fraîches couvrent la plage. Nous remarquons aussi de nombreuses pistes de loups de taille impressionnante. La popularité de ce site s’explique sans doute par la présence d’une petite rivière à proximité qui regorge de truites mouchetées. Quelque 90 minutes plus tard nous apercevons une île rocheuse en plein milieu d’un élargissement du lac. Sans trop espérer y trouver un site potable, nous grimpons tout en haut des rochers pour apercevoir une terrasse digne des cartes postales pour vendre le Nunavik. Bordée de fleurs, l’île est balayée par le vent et surplombe les montagnes, esker et plages environnantes. Celle-ci me rappelle l’image que je me faisais de L’île noire de Tintin. Un paysage irréel de bande dessinée.

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