Benoit Laporte

Par Benoit Laporte – 12 juillet, 16 h

Comme nous vous le racontions, la journée d’hier nous a fait vivre d’intenses émotions. Nous avons monté notre campement dans une des sections les plus impétueuses de la rivière, une longue série de 20 km de rapides impressionnants de classe 2 (intermédiaire) et 3 (expert), entrecoupés de longs R1 (facile).

Ce matin, journée de repos. Nous avions en effet prévu quelques journées de grâce pour contrer les aléas de la météo, tant pour l’avion que sur la rivière. Un peu comme les journées de tempête prévues au calendrier scolaire. Après une semaine trépidante, cette pause s’avérait essentielle. Long déjeuner : omelette au bacon. Plusieurs bodums de café. Lessive, flânerie, réparation, lecture, livre de bord. Ensuite, randonnée en montagne. Après quelques mètres d’épinettes naines, la toundra est à nous. Le paysage nous offre des sentiers de caribous à perte de vue, doublés d’une vue plongeante sur ce long rapide qui demain nous attend.

Il est important de savoir que la température ici change aussi rapidement que le cours de la rivière. Élevée avec un soleil de plomb à 30 degrés, quelques minutes plus tard, un front froid vous transit les chairs. Et un mur de pluie s’avance tout à coup, venu de nulle part. On prévoit demain 4 degrés comme minimum. Je mets mes sous-vêtements d’hiver à portée de main.

Technologie

Pour les geeks qui se posent la question (désolé pour les autres), nous avons accès à un ordinateur compact avec lequel nous écrivons nos chroniques. Pour recharger la pile énergivore de cet ordinateur, nous sommes équipés d’une batterie portative de 800 W, alimentée par des panneaux solaires portatifs de 48 W pouvant fournir jusqu’à 3 ampères (théoriques). Même par mauvais temps, que nous subissons depuis 2 jours, nous arrivons à alimenter l’ordinateur de même que les appareils vidéo et photo.

Nous sommes aussi équipés de quelques GPS, appareils fort utiles afin de se localiser sur la rivière ou en randonnée. Par extrême prudence, nous possédons 2 téléphones satellitaires, dans 2 canots. Il serait impensable de naviguer cette rivière sans ce type de téléphone, puisqu’il est impossible de se faire secourir par qui que ce soit, les 2 seules pourvoiries que nous croisons n’ouvrant que pour la chasse aux caribous, à la mi-août, et les camps de chasse inuits étant vides en ce temps de l’année.

Lors des journées de descente, nous transmettons nos textes par téléphones satellitaires à une vitesse préhistorique de moins d’un kilo-octet par seconde. Donc, un texte comme celui-ci peut prendre jusqu’à une minute à transmettre. Pendant nos journées de pause, parce que nous avons le privilège de transporter un émetteur-récepteur par satellite utilisant la technologie Xplornet par Hughes Communications, nous pourrons naviguer aussi rapidement qu’à la maison. Sauf qu’hier soir, à la suite des quelques « sousmarinages », nous nous sommes campés rapidement sur un cap rocheux, au dos d’une montagne qui nous bloque l’accès au satellite. Cet appareil est somme toute assez lourd et impossible à transporter au sommet d’une colline. Dans quelques jours, nous retenterons l’expérience et nous pourrons à ce moment vous dévoiler nos chefs-d’œuvre de créativité photographique.

Vous ne perdez rien pour attendre…

{ 3 comments }

Surf sur le lac

9 Juil 2009

Par Benoit Laporte – 9 juillet 21 h 30

En parlant de la série de lacs précédant la rivière Moisie, Guy Hamon, un canoteur solo de « grosse rivière », me disait : « Pagayer un lac avant la rivière, c’est un peu comme les préliminaires avant l’amour ».

Aujourd’hui, nous étions en pleins préliminaires de notre rivière, avec 22 km de lac. Pas que je n’aime pas les lacs, mais celui-ci fait bien 1,5 km de large, avec des vents atteignant une trentaine de kilomètres, nous faisant souvent surfer sur des vagues impressionnantes. Nous avons d’ailleurs tenté une première voile improvisée, mais le prototype n’était pas tout à fait au point.

Nous sommes partis relativement tard du campement, vers 11 h 15, ce qui est plutôt normal la première journée sur la rivière. Tu cherches ton matériel de rivière dans tes barils, tes sacs au sec ou encore dans tes sacs de rangement. Un peu naïvement, plusieurs participants ont décidé de ne pas revêtir leurs combinaisons isothermiques, parce qu’un soleil de 30 degrés nous chauffait la couenne. Erreur. Aussitôt sur le lac, les vents ont tôt fait de faire baisser la température ambiante à 15 degrés, et les vagues qui cassaient dans nos canots nous ont fait réaliser notre manque de jugement. La température de l’eau à 4 degrés amènerait une hypothermie en quelques minutes, si nous avions à chavirer. Aussitôt, sur une petite île, nous avons tous revêtu nos vêtements sécuritaires.

Il faut comprendre que la glace sur la rivière aux Feuilles a « calé » la semaine dernière. Le préposé de l’aéroport du lac Pau, près du réservoir Caniapiscau, nous disait que la glace y a disparu le 20 juin, rendant possibles les décollages en hydravion. Notre rivière, située 400 km plus au nord, a dégelé une dizaine de jours plus tard. D’ailleurs, nous pouvons apercevoir encore plusieurs amoncellements de neige ici et là sur les montagnes.

Nous sommes campés au kilomètre 300 et nous commencerons à sentir le courant de la rivière dans à peu près 15 km. Nous planifions pagayer 55 km en 2 jours pour croiser la pourvoirie Leaf River Lodge. Habituellement, le propriétaire arrive à sa pourvoirie seulement à la fin juillet, pour préparer la saison de chasse aux caribous, qui débute à la mi-août. Mais la rumeur courait à l’aéroport disant qu’il y serait plus tôt cette année. Nous aurons peut-être la chance de le croiser à notre passage.

Le soleil se couche ici vers 23 h pour se relever vers 3 h 15. Rarement nous voyons le ciel étoilé ou les aurores boréales, sauf peut-être lors des journées de congé. Si nous réussissons à capturer de bons clichés de ces manifestations arctiques, nous les rendrons disponibles sur le blogue. Il faut comprendre que pour transmettre des photos de qualité ou des vidéos, nous devons installer un appareil sophistiqué que nous utiliserons seulement pendant nos journées de pause. Donc ce week-end, nous aurons probablement des photos et vidéos à vous proposer. Stay tuned!

{ 2 comments }