Baie d’Ungava, mon amour

26 Juil 2009

Par Benoit Laporte – 26 juillet – 21 h 10

Hier, nous avons élu domicile dans une cabane bancale appartenant à la pourvoirie de l’estuaire de la rivière aux Feuilles (Leaf River Estuary Lodge). Les trois autres bâtiments ont récemment été saccagés par un ours qui, de toute évidence, détruisait pour le plaisir et non simplement pour se nourrir. Réfrigérateur balancé sur le dos et l’intérieur éventré par la bête, lit de mousse vidé où l’on devine la forme des griffes et l’empattement du plantigrade. Malgré un chien husky errant autour de la pourvoirie, friand de nos restes de nouilles et de riz, nous avons quand même chargé l’arme fatale et poussé le congélateur sur la porte.

Ce matin, nous avons tous assisté, silencieux, à une messe unique. La marée basse de la baie aux Feuilles d’où, en quelques heures, une profondeur de cinquante pieds d’eau s’est retirée, rendant littéralement visible le fond de ce bras de mer.

Partis en fin de matinée à la marée montante, nous avons passé sans problème le dernier obstacle, un mur impressionnant de rochers « Reversible Waterfall », qui nous séparait officiellement de la baie d’Ungava. Chanceux. Aucun vent. Un soleil étincelant nous réchauffait. Mathieu n’a pu se retenir et il nous a fait un saut de l’ange de la pointe de son canot, pour souligner son baptême dans cette grande mer nordique. Était frette, y parait. Arrivés en fin d’après-midi au port de mer de marée basse, situé à 5 km du village, nous avons été accueillis par plusieurs Inuits qui étaient au courant de notre arrivée. Lazarussie, un employé de la commission scolaire Kativik, a rassemblé plusieurs camionnettes pour nous conduire à l’appartement de Marie-Ève et François, deux professeurs qui nous ont gentiment offert le gîte durant notre séjour à Tasiujaq, pendant leurs vacances d’été dans le sud, à Québec.

Notre petit village compte officiellement 250 habitants, réduits de moitié pendant l’été ou la chasse. Demain nous tenterons de trouver un troupeau de bœufs musqués derrière une montagne, non loin du village.

Technologie du Grand Nord

Nous sommes équipés d’un émetteur satellite puissant fourni par NJ Albert, utilisant la technologie Xplornet, mais du fait de l’orientation de la rivière nord-est, les montagnes bloquent l’accès au satellite presque en tout temps. Après plusieurs tentatives infructueuses, nous nous rabattons sur l’envoi des textes par téléphone satellitaire. Maintenant que nous sommes au village de Tasiujaq, lundi et mardi nous tenterons à nouveau d’illustrer le blogue de photos.

Pour nous assurer une bonne mise à jour des textes, nous comptons sur l’équipe de 90 degrés qui nous donne un coup de main pour la diffusion de nos chroniques. Nous aimerions aussi souligner la contribution de CBCI qui nous a gratuitement fourni des minutes de téléphone satellitaire afin que nous puissions rester en contact avec nos familles, diffuser nos textes et nous sentir en sécurité. Finalement, VIA Rail Canada, mon employeur, qui nous a offert l’accès à un téléphone satellitaire et un ordinateur portatif compact.

Rivière de rêve

Ce séjour de trois semaines sur cette rivière inatteignable m’a fait deviner ce qu’était le nouveau monde avant l’arrivée des premiers Européens : aucune trace de l’homme, de feu de camp, de déchet ou de construction. Pas de couleurs sur les rochers (les amateurs d’eaux vives savent que les rochers des rapides sont souvent parsemés de traces de peinture de canot). Ce paradis pour pêcheurs, où en remontant un petit ruisseau, tu lances ta ligne dans un bassin pour y sortir un monstre de plusieurs livres. Je m’arrête avant de tomber dans le mélodramatique. Pour prendre enfin une douche chaude, la première en 3 semaines.

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Christiane Dupont 27 Juil 2009 à 08:25

Félicitations à tous les six pour cette expédition exceptionnelle et votre action chaleureuse envers la cause des autistes. Le répit pour les familles qui ont des jeunes autistes n’est pas un luxe. J’envoie mon chèque cette semaine.

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