Rivière aux feuilles 2009

Congé forcé

16 Juil 2009

Par Jean-Pierre Simard – 16 juillet, 20 h 35

Ce matin, au lever à 7 h, il vente et il fait froid : 8 degrés Celsius. Je retourne dans ma tente pour mieux m’habiller : manteau d’hiver, tuque, gants. L’abri-moustiquaire ne peut pas être levé, car le vent est trop fort. Un côté positif est qu’il n’y a aucun moustique. Après le déjeuner, on espère tous que le vent tombe. Mais les heures passent et le vent continue de souffler.

Nous passons le temps de différentes façons. Benoît, Pierre-Marc et Gérald font un poker. Étienne fait du rangement et de la lecture, Mathieu se balade en solitaire. Moi je « taponne » sur mon GPS, ou plutôt je tente de me familiariser avec cet appareil. À l’heure du dîner, vers 13 h, le vent persiste. Dans ma tête, c’est réglé : on ne partira pas, car le vent ne cessera pas. Mathieu plaide en faveur d’un départ. « Même si on ne fait que 10 kilomètres, c’est mieux que de rester à ne rien faire ».

Benoît, lui, prêche comme un bon curé : il est plus sage de rester ici, car avec un vent de face de 30 km/h et des rafales à 50 km/h, on n’ira pas très loin. Nous sommes quatre indécis. C’est au bord de la rivière que nous prenons notre décision. Après discussion, nous convenons de rester et de nous lever vers 6 h demain en espérant partir vers 9 h et reprendre un peu de temps perdu. Évidemment, la prochaine journée de repos sera repoussée. Peut-être mardi, si tout va bien. La météo annonce du beau temps pour les prochaines journées, ce qui est encourageant.

Vers 15 h, Étienne et Mathieu partent en randonnée, sans oublier leur canne à pêche. Gérald, Benoît et Pierre-Marc s’attaquent à la montagne; pour ma part, j’écris ce petit mot en attendant d’aller couper du bois et de retourner à la pêche.

Hier, j’ai capturé ma première truite mouchetée à vie : une belle de trois livres que nous avons dévorée ce midi. Ce soir, j’en ai pris une autre, légèrement plus petite. Les autres pêcheurs sont revenus avec 10 petites truites rouges du Nouveau-Québec. Un autre repas de poisson en perspective.

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Notes aux lecteurs : À cause de la rareté du soleil lors des 4 dernières journées, nous avons choisi de ne pas hypothéquer notre réserve d’énergie pour l’envoi de photos. Dès le retour du soleil, nous vous enverrons des images.

Merci de votre compréhension,

La direction

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Les forces du groupe

15 Juil 2009

Par Benoit Laporte – mercredi 15 juillet, 19 h

Nous en sommes au 10e jour de notre périple et au 7e jour sur la rivière. Nous avons maintenant parcouru 150 km sur les 322 km prévus. Malgré le temps pluvieux d’hier soir, et le froid de ce matin, nous avons opté pour une seconde journée de repos. Le coin est idéal. Nous sommes adossés à une fort jolie montagne, qui nous coupe du solide vent nordique qui nous assaille depuis 24 heures. Une petite rivière poissonneuse coule à nos pieds et excite les pêcheurs du groupe.

Il faut comprendre que les jours de repos servent à restaurer nos muscles et notre esprit. Même si nous sommes tous des mordus de la pagaie, ce pays est si unique qu’il est important de le parcourir autrement que sur l’eau. Les groupes se forment pour aller à la pêche, pour la randonnée ou simplement pour jouer aux cartes, à l’abri des implacables suceurs insectes.

Une des forces déterminantes de notre groupe est certainement l’entraide. Après quelques jours d’ajustement, le groupe fonctionne maintenant comme une unité d’élite. Matériel chargé et déchargé par chaîne humaine, tente moustiquaire montée en quelques minutes, foyer construit, feu démarré et bois coupé rapidement malgré la pluie, les mouches et nos vêtements trempés. Nous sommes beaux à voir.

Pour le bien de l’expédition, il est essentiel de toujours s’enquérir de l’état d’âme ou de la santé des autres. N’oublions pas que le groupe navigue à la vitesse du plus fatigué. De là l’importance de rester à l’écoute des autres.

Les décisions se prennent toujours par vote, à la suite de l’intervention de chacun. Même si nous sommes un nombre pair, à ce jour, nous n’avons jamais de problème à trouver un consensus. Dans nos décisions, c’est toujours le bien du groupe qui prévaut.

Notre force secrète dans les moments les plus durs, comme pendant les repas, est sans contredit l’humour. Un humour de gars dans les bois, loin de la civilisation et des convenances. Ce laisser-aller est bien sûr agrémenté de discussions plus sérieuses sur la politique, nos vies ou nos couples, pour souvent se terminer en blague ou en dérision.

Un moment unique, avec des gens hors de l’ordinaire. Au paradis.

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