Rivière George 2005

Ça sent la mer !

2 Août 2005

Benoît : Assis bien au sec dans une cabane, somme toute très accueillante, les gars se changent, cordés sur les lits de camp. Jos, notre canoteur fétiche, rencontré à Schefferville nous avait révélé l’emplacement de cette cabane non-indiquée sur notre carte guide. Celle-ci est située au début des marées où l’eau commence à être salée sur la rivière George. Avant le départ j’avais obtenu les tables de marées sur l’Internet que j’ai oublié d’apporter avec moi. Mais je me rappelais très bien que la marée haute débuterait vers 9h00 le matin pour finir 6 heures plus tard. Étienne lui avait déniché ses tables dans l’almanach du fermier du festival du cochon de Ste-Perpétue. Ses tables indiquaient le contraire de celles que j’avais trouvées. Moment conflictuel en vue ! Ce matin nous nous sommes levés vers 6h00 pour partir tôt. Le vent de face faisait encore des siennes. Après un solide rapide, nous nous sommes rebâtis un trimaran avec nos 3 canots pour accélérer le rythme. Nous avions au moins 30 km à faire pour rejoindre la cabane secrète de Jos.

L’après-midi fut assez zen avec des vents à vous défriser la mise en pli. Le soleil était de la partie pour la première fois depuis 2 semaines. Avant la cabane nous avions un rapide à traverser que l’on indiquait comme relativement facile à marée haute. Mais sommes nous vraiment à marée haute ? Nous nous approchons du rapide et là c’est la panique. Le rapide est énorme. Et nous sommes attachés ensemble. Étienne nous lâche un juron afin que le groupe comprenne bien l’urgence de la situation. Il nous crie « DROITE!!! » … Que veut-il dire par « droite » ? Il veut que je pagaie de la droite plutôt que de la gauche ? Il veut que l’on garde le canot « droite » plutôt qu’oblique ? Finalement, nous comprenons qu’il commande un virage vigoureux à droite pour que notre véhicule s’échoue sur des roches émergées en haut d’un gros seuil (petite chute avec du courant). Nous n’avons pas d’autre choix que de défaire notre radeau de fortune afin de cordeler le seuil. Sitôt cordelés nous avons à descendre un autre rapide de niveau 3 à volume. Tout se passe bien sauf pour Pierre-Marc et Gérald qui décident de développer une nouvelle technique de descente à reculons. Ils ont rempli le canot dès le début du rapide et ils ont tourné à 180 degrés pendant la descente. Aussitôt les canots à sec nous repérons la cabane à squatter sur l’autre côté de la rivière. Et ici la rivière a facilement 750 mètres de large. Étienne regarde le rapide et ne peut comprendre qu’il soit si gros malgré la marée haute…

Préparatif de reconstitution du Trimaran avant la mer

Étienne : En fait, nous sommes à marée basse. Le dénivelé du rapide s’en trouve plus important, la pente plus grande et le courant plus fort. Ce qui devait être facile devient plutôt technique. Certains remous sont carrément dangereux. C’est ainsi qu’on est entré dans l’estuaire. Il y a des marées, c’est déjà un peu moins une rivière, c’est un peu un autre monde, même si la baie d’Ungava est encore à une cinquantaine de kilomètres. Demain soir, nous dormirons peut-être à l’hôtel à Kangiqsualujjuaq. Le voyage tire à sa fin. Suite à la journée ensoleillée nous avons une nuit sans nuage. Le ciel est rempli d’aurores boréales jaunes, verts et blancs. Un cadeau impromptu pour notre dernière nuit en pleine nature, nous l’espérons.

Message d’intérêt public: Nous sommes vraiment tous très heureux de vous annoncer que demain mercredi le 3 août nous serons de l’émission L’Été Express à la radio de Radio-Canada au alentour de 16h20 (95,1 FM à Montréal). Robert Frosi, le commentateur sportif, procédera à l’entrevue directement de la rivière.

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Cyber-rivière

1 Août 2005

Raymond : Il est 8 h 30 du matin ; je suis confortablement installé dans ma tente. Benoît sommeille à mes côtés, il s’est couché assez tard la nuit dernière. Non il ne ronfle pas en ce moment, mais sachez que nous avons formé au cours de l’expédition un duo d’enfer suffisamment efficace pour éloigner les ours. Certains de mes autres collègues se qualifient également pour être membres de la chorale des ronfleurs ou de la fanfare des bruits nocturnes. Il pleut par intermittence. Nous en sommes au 18e jour de l’expédition. Nous avons déjà envoyé une vingtaine de chroniques quotidiennes. Vous êtes vous déjà demandé comment celles-ci vous parvenaient ?

Les panneux solaires

Nous disposons d’un petit ordinateur portatif, gracieusement prêté par VIA Rail, d’un téléphone satellite et de trois caméras numériques. Nous avons quelques piles de rechange pour alimenter notre matériel, mais c’est nettement insuffisant pour une expédition de 22 jours. Il nous fallait donc puiser l’énergie supplémentaire du soleil. Nous avons fait appel à la firme Environergie pour nous fournir les panneaux solaires, accumulateur de charge et transformateur en tenant compte des contraintes de poids et de volume. Cette firme possède une expertise dans les expéditions en région éloignée. M. Bergeron, a développé le matériel en tenant compte de la consommation d’énergie de chacun des appareils afin de nous monter un système répondant à nos besoins. Et cela fonctionne, comme vous pouvez le constater. Durant la journée nous mettons les panneaux solaires sur les bagages dans le canot, et ceux-ci captent l’énergie des rayons du soleil, même en petite quantité. Pour le calcul de consommation d’énergie nous avions prévu une utilisation quotidienne des différents appareils de 30 minutes. Nous avions sous-estimé le temps nécessaire pour rédiger nos chroniques. Malgré le fait que les capteurs fonctionnent même par temps nuageux, vivement le soleil !

Site enchanteur de repos au bas des chutes Helen

Une fois les chroniques rédigées sur l’ordinateur, nous branchons le téléphone satellite et faisons parvenir nos textes et photos à un serveur à Montréal. C’est alors qu’entre en jeu l’équipe de Vdl2 qui a conçu notre superbe site Web. Ils reçoivent nos textes et nos photos en soirée ou durant la nuit et les distribuent à nos abonnés et sur le site le lendemain matin. Gilles prend le temps de lire tous vos messages et de nous les transmettre lors de l’envoi suivant. L’équipe de 90 degrés communications, dont le président est un des membres de l’expédition, s’occupe de la traduction en anglais et de la révision des textes pour l’édition finale sur le Web. Sans l’apport de ces partenaires vous ne pourriez suivre l’expédition en direct, les moustiques en moins.

Nous voudrions aussi souligner l’apport de Stéréo Plus de Joliette : M. Villeneuve nous a gracieusement offert une caméra vidéo. Nous les remercions sincèrement. Benoît vous a parlé hier des bienfaits et inconvénients du wet suit. Ce n’est pas le seul équipement qui permette de faire cette aventure dans des conditions acceptables. Notre principal défi est la gestion de l’humidité. Nous naviguons sur une rivière dans une région qui n’est pas répertoriée comme destination soleil dans les guides touristiques. Tentes résistant à des vents violents, vêtements imperméables, respirants et chauds sont de mise, sans parler des filets à mouches et tentes moustiquaires. Les vêtements de corps doivent être synthétiques pour sécher rapidement, car quatre ou cinq jours de pluie consécutifs, comme c’est le cas présentement, peuvent rapidement vous rendre la vie misérable et causer l’hypothermie. Merci aux membres de l’équipe de Mountain Hard Wear qui ont eux aussi monté à bord de notre aventure. Les amateurs de plein-air qui réussissaient à faire de longues expéditions avant l’avènement de ces équipements ont tout notre respect. Nous ne sommes ni plus ni moins méritoires d’accomplir les mêmes défis. Le matériel de pointe nous rend la vie un peu plus facile.

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